Actualités de Jérusalem

1er décembre 2019 : entrée en avent

pour ce 1er dimanche d’ Avent, nous organisons une halte spirituelle pour les volontaires et bénévoles de Jérusalem. Une dizaine de jeunes répondent à l’invitation.

Sr Jean-Baptiste nous met en route avec un enseignement sur ce temps liturgique, puis dans son homélie le Père Antoine Lévy, dominicain, développe le sens de ce temps nous faisant réfléchir sur nos attentes.

Qu’attendons-nous ? Est-ce vraiment le Christ qui est au centre de notre vie ?

Nous partageons ensuite le repas dans le jardin des hôtes sous un soleil magnifique.

L’après-midi, après un temps de contemplation devant l’icône de ??? sr Marie nous introduit au livret de l’Emmanuel d’Isaïe (7-11),  le prophète de l’Avent. Nous lisons quelques passages face à la cité de David que nous apercevons depuis la terrasse et la balconnette. Un temps personnel suivi d’un partage avant les vêpres clôturent cette journée qui aura permis à

plusieurs de se sentir renouvelés dans leur vie de foi


2 participants à la journée d’entrée en Avent, le dimanche 1er décembre.

 C’était une vraie joie de pouvoir vivre de cette manière l’entrée en Avent. J’ai beaucoup apprécié les temps d’enseignement, le fait de pouvoir aussi "peleriner‎"avec les textes et avoir un temps personnel.

  Merci de votre accueil dimanche, merci de tout ce que vous avez préparé pour nous, merci de nous avoir ouvert votre jardin. Quel privilège ! Grâce à vous, ce premier dimanche d'Avent était tout donné au Bon Dieu. Vivre une journée dans la paix de chez vous, cadre assez incroyable par sa situation, et en même temps dans la simplicité des échanges, du déroulement paisible de la journée, était une belle opportunité de remettre au centre l'Essentiel.


Homélie du Père Antoine Levy, premier dimanche d’Avent, 1er décembre 2019

Enfin le smartphone vint. Avant, on attendait : maintenant on n’attend plus. Ou plutôt on attend toujours, car il y a de fortes chances qu’on ait toujours à attendre, mais voilà que nous sommes à présent en possession d’un moyen imparable de la tromper, cette attente. Car l’attente, n’est-ce pas, c’est du temps a l’état pur, du temps dont on ne fait rien, donc et par définition du temps perdu. Et voila que le smartphone vient tromper cette attente qui, toute a sa malveillance naturelle, ne s’y attendait pas du tout : un coup de Pokémon go, une petite leçon d’hébreu ou d’arabe, un sms vite fait, et la voilà toute déconfite. L’autobus arrive, l’embarquement est immédiat, le docteur nous reçoit, et de notre attente il ne reste plus rien. Cependant, il nous arrive encore de nous demander entre deux sms si tromper notre attente nous réussit autant que cela. C’est un peu comme lorsque le même smartphone nous sert de boite a musique et que nous écoutons nos chansons préfères, écouteurs vissés sur les oreilles, en parcourant les rues de la ville. Certes, le chemin peut être ennuyeux parce qu’on ne connait que lui – mais même dans ce cas-là, qui sait ?  Qui sait, si au détour d’une rue trop familière, je ne manque pas, tout à ma musique, ce détail nouveau, cette péripétie imprévue qui, si je les avais remarques, m’eussent fait souvenir à jamais de cette journée promise à l’oubli ?  Qui sait si tout d’un coup, comme jaillie de nulle part ne me serait venue l’idée, l’intuition, la solution peut-être que je désespérais de trouver ou qui m’avait toujours cherchée sans même que je le sache ? D’où l’éloge des moments dits creux. A force de tromper nos attentes, il se peut que nous rejetions sans le vouloir ce qu’elles voudraient bien nous donner. Si jamais il était une occasion de réapprendre la vertu de l’attente, elle s’appellerait l’Avent. Car l’attente qui est celle de l’Avent est chose douce, belle et, en un mot, merveilleuse. Et pourtant me direz-vous. L’Evangile, en ce premier jour d’Avent, n’a rien de doux. Il parle de déluge, de jugement foudroyant et de ce Dieu dont le jour nous surprendra comme un voleur dans la nuit. L’évangile nous enjoint d’attendre, certes, mais comme on se tient sur ses gardes pour éviter un péril mortel prêt à surgir de tout coté et à quelque moment que ce soit.  Avant de me résoudre à décréter que la religion ne propose rien de beau sans l’assortir de quelques sourdes menaces, permettez-moi de réfléchir avec vous à cette attente assez particulière, je le concède, dont le Christ nous parle aujourd’hui.

              Tout d’abord, nous attendons Celui qui doit venir. Il y a une raison pour laquelle l’Avent nous invite à méditer à propos de la fin des temps. Attendre le Christ, c’est contempler ce quelque chose de fondamentalement inachevé qui est au cœur du temps. Que le temps coure, c’est l’évidence même, mais qu’il coure quelque part, cela est loin d’être admis par tout le monde. Dans certaines religions, le temps est du domaine de l’illusion, de la « maya » ; pour les Grecs, il était un cercle plus ou moins toujours recommence ; et pour nombre de nos contemporains, si le temps court quelque part, c’est à sa perte, comme un galet dont il ne restera plus que sable à force d’être usé par la mer. Mais ici les chrétiens, et avec eux tous les enfants d’Abraham, Juifs comme Musulmans, voient les choses différemment. Pour eux, le temps n’a pas seulement un point de naissance mais il a un terme qui est ensemble une tâche à accomplir et un rendez-vous qu’il ne faut pas manquer. Pour eux, cad pour nous, tous les hommes qu’ils le sachent ou non, attendent ce moment ultime, parce que cette attente est pour ainsi dire inscrite dans le code génétique du cosmos. Les Juifs usent du terme de rédemption pour désigner ce moment. Pour les chrétiens, ce moment a déjà commencé avec la naissance du Christ parmi les hommes, mais il demeure inaccompli jusqu’à son retour, si bien qu’on ne peut songer à la venue du Christ dans l’humilité de la chair sans songer à sa manifestation à venir dans la gloire. Et lorsque ce moment viendra, dit Isaïe, Jérusalem méritera enfin son nom, celle de ville dont le fondement est la paix. Toutes les nations afflueront vers la sainte Montagne, celle-là même où nous nous tenons. Certes, comme Jésus dans l’évangile, Isaïe parle de jugement. “Il jugera les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux ». Mais ce jugement même est ordonné à la paix, autant qu’il ne peut y avoir de miséricorde s’il n’est pas de justice :  “Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on n'apprendra plus à faire la guerre”. Notre attente, en Avent, se fond à celle de l’humanité, elle qui, consciemment ou non, de génération en génération depuis et à travers la nuit des temps, aspire à voir le jour de sa rédemption.

                       Secondement, nous attendons celui qui est déjà venu. Et cela change tout à la nature de notre attente. S’il y a un motif d’anxiété ici, il n’a rien à voir avec l’angoisse de devoir faire face à un Juge dont les poids et les mesures nous échapperaient. Nous avons connu le Christ. Cette connaissance intime va bien au-delà des textes canoniques et des enseignements de l’Eglise – c’est cette connaissance vivante, portée par la foi, qui fait de nous des chrétiens.  En fait, nous ne connaissons personne mieux que le Christ. Car il est l’homme en vérité, c’est-à-dire l’image et la ressemblance parfaite de Dieu. En ce sens, le Christ est plus nous-mêmes que nous-mêmes puisqu’il est nous-mêmes en vérité et que nous-mêmes sommes moins que nous-mêmes, à force de commettre ces petites et ces grandes trahisons qui nous éloignent quotidiennement de celui que nous sommes en vérité. Si donc il y a lieu d’être anxieux, ce n’est pas parce que nous ne connaissons pas le Christ mais parce que nous risquons fort d’oublier celui que nous connaissons si bien. Il se pourrait, de fait, qu’il nous surprenne comme un voleur, une fois devenu étranger en sa propre maison, lui dont le souvenir nous empêchait d’oublier d’importunes vérités. Lui que nous avons fini par chasser de nos existences parce qu’il nous semblait menacer d’occuper trop de place. Oh, cela se passe insidieusement le plus souvent, comme un lent engourdissement de notre élan vital à sa suite. C’est pourquoi les paroles de St Paul que nous avons entendues ce matin doivent retentir en nous avec force : « C'est l'heure désormais de vous arracher au sommeil ; le salut est maintenant plus près de nous qu'au temps où nous avons cru. La nuit est avancée. Le jour est arrivé. Laissons là les oeuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière”.

 (Rom. 13 :11-12 FBJ). Si notre attente est une veille, elle doit commencer par un réveil. Et ce réveil doit engendrer une veille, c’est-à-dire un retrait actif de ce qui, en nous, cause le voilement du souvenir du Christ : « point de ripailles ni d'orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies”. St Paul ne nous fait pas la morale. En énumérant ce qu’il y a lieu d’éviter, il entend préserver les chances d’une expérience privilégiée, en tout point extraordinaire. Ce qui m’amène à mon troisième point.

         Nous attendons celui qui viendra. Certes, la venue du Christ dans notre existence ne dépend pas de notre attente. Que nous le voulions ou non, que nous l’attendions ou pas, il finira par venir à un moment donné, un moment, pour un certain nombre de nos frères et de nos sœurs humaines, qui se confond souvent avec le dernier qu’ils connaitront sur cette terre. Mais qu’il vienne maintenant ou plus tard, le Christ viendra toujours comme un voleur. D’abord parce que ce moment est par définition inattendu : un voleur ne prévient pas du moment de son effraction ceux qu’il vient détrousser. Et ensuite parce que, tel un voleur, le Christ finira par venir nous prendre tout, tout ce que nous aurons cru posséder en cette existence, jusqu’à notre dernier sou. Non qu’il soit âpre au gain mal acquis, mais parce qu’il n’est rien que nous possédons qui ne vienne originellement de Dieu et ne doive Lui être ultimement restitué. Et cependant, et à nouveau, le fait d’attendre le Christ change tout à la nature de sa venue. Nous attendons notre voleur comme on attend le Messie. Nous nous laissons habiter par le creux du temps comme MoÏse blotti au creux du rocher, attendant que Dieu passe. Au lieu de la fuir, nous plongeons dans cette nuit qui, en cette saison, enveloppe toujours plus cette terre sur laquelle nous nous trouvons.  Quant à l’agitation de ce monde qui, jadis, n’a pas ou mal accueilli son Messie, de ce monde qui continue à faire mine de l’ignorer, quant à tout ce bruit qui couvre aisément les quelques pitoyables flonflons de Noël alentour, nous laissons le silence d’une chapelle les engloutir. Nous voulons voir cette nuit et nous voulons écouter ce silence. Sans cela, nous ne pourrons jamais percevoir la merveille des merveilles, à savoir que cette nuit est toute remplie de sa lumière et ce silence tout bruissant de sa parole. Il faut faire silence pour entendre les pas de celui qui vient. Il faut s’arrêter pour aller à sa rencontre. C’est ainsi qu’au moment voulu, comme un voleur, il viendra. Et sa venue nous surprendra, comme celle d’un voleur, non parce que nous ne l’aurons pas attendue mais parce qu’elle dépassera toutes nos attentes.

         Nous attendons celui qui doit venir. Nous attendons celui qui est déjà venu. Nous attendons celui qui viendra. Si nous attendons ainsi, nous n’avons rien à craindre du divin voleur. L’inattendu, nous l’attendons. Et nous n’avons besoin de rien autre chose pour redécouvrir le bonheur d’attendre.

 

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